Revue de l'année 2009, de la décennie 2000-09 et les perspectives pour 2010.

Revue de l'année 2009, de la décennie 2000-09 et les perspectives pour 2010.

Partie 1: Revue de l'année 2009 Partie 2: Décennie 2000-09

Introduction

2008 fut une année d'expansion de la production, avec la plupart des distilleries passant de 5 jours de travail par semaine à 7. 2009 fut une année plus contrastée, avec des fermetures et des consolidations. En 2009, j'ai participé à plusieurs événements liés au whisky (Limburg Whisky Fair, Whiskyschiff Lucerne et Zürich, Autumn Speyside Whisky Festival, dégustations Bruichladdich, Adelphi et Manager's Choice à Bâle et finalement une dégustation Blackadder), fait mes premiers interviews (Frank McHardy et Andrew Gray), ajouté quelques "distilleries in focus" et un certain nombre de livres vieux et récents, tout en augmentant le rythme de publication des notes de dégustations, dépassant désormais les 600 entrées. La fréquentation du site a continué d'augmenter, atteignant environ 7000 visitateurs par mois en Septembre, avant que mon fournisseur d'accès supprime les statistiques. Depuis lors, la bande consommée à augmenter d'environ 50%, ce qui suggérait une fréquentation de l'ordre de 10'000 visiteurs/moi.

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Comparé au précédent rapport, qu'est ce qui a changé?

Energie:

Le prix des énergies fossiles (gaz et pétrole), la première source d'énergie pour l'industrie a baissé et resté à des niveaux nettement inférieurs à 2008.

Orge:

Le prix de l'orge était exceptionnellement élevé en 2008, ce qui a poussé les agriculteurs a planter abondamment des semences. En conséquence, les prix se sont effondrés atteignant £150/tonne (£350 en 2008).

Production:

2009 a mal commencé, avec le vol des alambiques et autre équipement à Rosebank, alors qu'il y avait des plans pour recommencer la production. Sans alambiques, Rosebank risque de rester silencieuse à tout jamais.

La distillerie de Roseile fut inaugurée, les extensions à Glenmorangie et Glenlivet complétées. A GlenDronach, la remise à niveau fut opérée et la distillerie est désormais à pleine production.

En même temps, Balvenie et Glenfiddich ont réduit leur production, Edrington annonça la fermeture de Tamdhu pour 2010, CL financial, la maison-mère de Burnt Stewart (Bunnhabhain, Deanston et Tobermory) est au bord de la faillite, avec un avenir incertain pour les distilleries.

Sur Islay, les activités pour Port Charlotte sont arrêtées. Bruichladdich a finalement reçu les autorisations de construire, mais ne dispose plus d'un capital suffisant. Du côté d'Huntly, Duncan Taylor n'a pas encore reçu toutes les autorisations et silence radio pour l'instant.

Whyte & Mackay ont annoncé des plans de restructurations, qui devraient réduire les effectifs du groupe de 100-150 personnes. Quant à Diageo, ils ont décidé de fermer la distillerie de grain de Port Dundas et de la chaîne d'assemblage historique de Johnnie Walker à Kilmarnock. Total: 900 emplois supprimés, mais cela devrait être compensé partiellement par l'extension de leur usine dans le Fife (400 emplois).

Au niveau du whisky, les premiers whiskies de Kilchoman (Islay) et St-George (Angleterre) furent mis en bouteille.

D'après les chiffres de la Scotch Whisky Association (SWA), en décembre 2009, les exportations de Scoch whisky ont augmenté de 1.5% en volume par rapport à 2008, mais une baisse du chiffre d'affaire de 3.5%.

Réglementations:

De nouvelles réglementations sont entrées en force en novembre 2009, reconnaissant Campbeltown comme une région à part entière (mais pas les Iles) et les vatted malts seront désormais étiquetés "blended malt" (pour protéger les consommateurs de la confusion entre vatted malts et single malts). Point positif, l'histoire de "Cardhu Pure Malt" ne pourra plus se reproduire.

Prix:

Compte tenu de la baisse des prix du gaz, du pétrole et de l'orge, on pourrait espérer une baisse de prix des whiskies? Mais comme vous le savez bien, lorsque les prix de production augmentent, le consommateur passe à la caisse, mais quant ces prix baissent, le consommateur trinque.

Dans tous les cas, si voue cherchiez un single malt à plus de 2000 euros, le choix fut vaste, avec des offres de la frontière des Lowlands aux isles, en passant par le Speyside et les highlands, le choix ne manquait pas. Je ne parlerai pas trop de ces malts, car je ne peux me permettre de les acheter et les possibilités de les déguster trop rares.

En début 2009, j'ai écrit "à quand un whisky de 10 ans à 100 euros". La réponse est : 2009. En effet, le nouvel Ardbeg Single Cask distillé en 1998 est en vente à la distillerie pour £180!! Si jamais, Duncan Taylor vendait préablement un 15 ans d'âge de la même distillerie pour £100 quelques mois plutôt. Si ce produit vous intéressait, vous deviez être rapide, car il s'est vendu en quelques semaines.

£180 pour un 10 ans d'âge est cher? Allez faire un tour chez Diageo. Dans le premier set de Manager's choice, l'Oban 9 ans était seulement 380 euros.

Heureusement, certaines personnes comme Raymond Armstrong à Bladnoch combattent ces prix en vendant d'excellent whiskies à des prix corrects. Whiskies que vous pouvez vous permettre de boire.

Plein de nouveaux produits sont arrivés sur les étagères en 2009, pas seulement supernova en ppm de phénols, mais aussi au niveau des prix. En lisant les blogs et forums, on réalise qu'un grand nombre de whisky enthousiastes comment à être exaspérés. Cela va-t-il s'arrêter?

Il y a un grand nombre de collectionneurs, qui, comme justement écrit par Serge Valentin sur www.maltmaniacs.com "le nombre de collectionneurs augmente, c'est également le cas des collectionneurs très spécialisés prêt à acheter n'importe quel produit de leur marque préférée. Aussi longtemps que ces collectionneurs sont prêt à payer n'importe quoi, indépendemment du contenu, cela ne vas pas arrêter." Je suis tout à fait d'accord avec lui, cela ne va pas s'arrêter, mais éventuellement ralentir.

Evénement intéressant, aussitôt que les notes de dégustations de l'excellent Karuizawa 1967 furent publiées sur un certain site web, les stocks furent épuisés en quelques jours, avant de réapparaître sur ebay à plus du double du prix initial. Malheureusement, un grand nombre de spéculateurs parcourent le monde maltesque, comme on a pu également le constater avec le Kilchoman Inaugural release (8000 bouteilles tout de même). Vendues en quelques jours, les bouteilles furent revendues quelques semaines plus tard au double du prix. Argent facile.

Malheureusement, il est difficile d'éviter cette spéculation, mais à vrai dire, je préfère voir cet argent aller chez le distillateur afin de produire les meilleurs whiskies que les poches des spéculateurs.

Comme mentionné plus haut, les prix furent à la hausse, mais il est à noter que certains embouteilleurs indépendants comme Douglas Laing ont vendu certain produits meilleur marché que l'année passée, pour un produit comparable. Je n'ai pas vraiment compris la stratégie tarifaire de Diageo avec les Manager's choice, mais je dois souligner qu'en conservant le prix des Special Release à des niveaux stables, comme le Port Ellen, les Port Ellen serait sans doute bien plus cher.

Qualité:

Oui, j'ai beaucoup écrit sur les prix, mais la qualité alors?

Je suis personnellement ravi de voir que le nombre d'affinage soit en légère baisse et que l'année 2009 fut très bonne qualitativement. Beaucoup de bon single malts, pas seulement d'Ecosse, mais également du Japon. Un grand nombre de whiskies étaient issus de fûts de bourbon de premier remplissage. Il s'agit d'une stratégie mise en place par plusieurs compagnies pour augmenter la qualité (et réduire la variabilité). Avec cela, les whiskies maturent plus rapidement, mais cela contribue à d'avantage de notes boisées (oaky) dans le whisky, donnant une structure "moderne". Cela tend à homogénéiser le produit.

Littérature:

Quelques ouvrages généralistes furent publiés, (e.g., MacLean's Whiskypedia), de même qu'un nouvel ouvrage en français, Whisky L'indispensable par M. Léon et Alexandre Vingtier. Il y a eu quelques ré-impressions de très vieux ouvrage par Ian Buxton et Classic Expression (Truths about whisky et J. A. Nettleton manufacture of whisky and plain spirit), ainsi que le premier livre sur le whisky et la philosophie (F. Allhoff and M.P. Adams). Pour cette année, retiendront mon attention: Glenglassaugh et The enduring legacy of Dewars de Ian Buxton et A century of Whisky par Gawin D. Smith. Et il ne faut pas oublier les superbes photos de Ian Macilwain dans son Bottled History.

En résumé:

Les prix des combustibles et des matières premières furent en baisse en 2009 et devraient rester à ces niveaux pour 2010. En termes de vente, le volume a légèrement progresser, mais les ventes ont quant à elles baissées. Comme écrit par la SWA, l'industrie fut résistante face à la crise économique. Mais avec les prix supernova de certains malts, le consommateur risque de changer ses habitudes de consommation. Il ne faut pas oublier que le cours de la livre face à l'euro ou autres devises était particulièrement pas, sans quoi, la situation serait certainement pire.

Pour attirer de nouveaux consommateurs, je suppose que la clientèle féminine risque d'attirer d'avantage l'attention des départements de marketing. Pour les pays du BRIC, l'augmentation ne fut pas impressionnante et certaines compagnies ont ralenti leur production en 2009. Ils seront plus attentifs en 2010. De nouvelles réglementations devraient protéger les places de travail en Ecosse, mais pas forcément dans les zones rurales. Il y a eu des rumeurs concernant la possibilité aux USA de réutiliser leurs fûts une seconde fois, et si cela se confirmerait, cela aurait un impact majeur sur l'industrie du Scotch whisky, fortement dépendante des fûts américains de premier remplissage.

Quoi qu'il en soit, il y aura du whisky en 2010!

A suivre: Revue de la décennie 2000-09